Mise en œuvre depuis juillet 2020, le ‘’Système d’informations sur les marchés’’ (SIMA), projet mis en place par la Faitière des organisations paysannes du Kwilu, Kwango et Mai-Ndombe (FOPAKKM), une plateforme de plus de 200 organisations paysannes, a apportés quelques changements positifs dans les activités des paysans en matière de la commercialisation des produits agricoles. Les acteurs impliqués s’engagent à pérenniser le système.
«Depuis que ce projet a été sur les rails, j’ai constaté un grand changement lors de la vente de mes produits. Avant 2020, les commerçants venaient chez nous et imposaient des prix dérisoires. Ce sont les commerçants qui gagnaient plus. Mais grâce au SIMA, un sac de manioc que je gaspillais à 15.000 Francs congolais (7,5 dollars) auprès d’un commerçant, est maintenant vendu 50.000 FC (25 dollars) ou 60.000 (30 dollars). Mêmement avec d’autres produits», témoigne Vénance Mimpaba, une femme paysanne de Sia à plus de 200 Kilomètres de Kikwit.
Vénance s’est ainsi exprimée lors de l’atelier d’évaluation du projet SIMA tenu à Kikwit dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo pendant deux jours en novembre 2021.
Même son de cloche avec Gouda-Gouda, responsable d’une structure paysanne dans le secteur Pay : «A Pay, un commerçant a eu des difficultés pour tromper les paysans. Il s’est permis d’enlever le tableau où étaient écrits les prix de différents produits agricoles. Il a remis le tableau après une interpellation. Les paysans vendent maintenant bien leurs produits grâce au SIMA».
De son côté, Nelly Mafuta d’Idiofa salut le climat de négociation qui règne actuellement entre les paysans et les commerçants et les producteurs agricoles : «SIMA m’a aidé apprendre comment négocier avec les commerçants pour aboutir à une relation ‘’Win-win’’ (gagnant-gagnant)».
Mimpaba, Gouga-Gouda et Mafuta sont parmi les paysans qui reçoivent régulièrement les informations concernant les prix des produits agricoles grâce au projet SIMA qui avait reçu un appui financier de Caritas internationale Belgique.
Lors assises d’évaluation, les participants ont dressé un tableau détaillé sur la situation globale de ‘’SIMA-PASDIPM-K’’ exercice 2020 et 2021. Ils ont identifié et capitalisé les points forts. Ils ont également relevé les points faibles et ont trouvé des solutions.
Les participants ont saisi cette occasion pour faire un répertoire comparatif entre les résultats prévus et les résultats atteints sur le plan qualitatif et quantitatif.
Ils n’ont pas oublié de formuler des recommandations parmi lesquelles la pérennisation du projet pour les années à venir.
«Je tiens à vous remercier pour l’assiduité avec laquelle vous avez participé à cet atelier d’évaluation. Dans chaque projet il y a une phase pour la conception, une phase de mise en œuvre et une phase d’évaluation. Je sais ce que vaut une journée pour un paysan. Merci pour tout», a indiqué Freddy Mumba, secrétaire de la CONAPAC (Confédération nationale des producteurs agricoles du Congo).
Il a affirmé que cette expérience permettra aux autres provinces de mettre en places leurs SIMAs.
«En 2020, c’était la phase d’expérimentation. En 2021, c’était la consolidation. Il fallait un moment s’arrêter pour évaluer ce qu’on a fait. Cette évaluation nous a permis de voir d’où nous sommes venus, où sommes-nous et où est-ce que nous voulons aller. Nous serons sûrs concernant la durabilité et la pérennisation. Les idées sorties de cet atelier seront présentées à Kinshasa lors des assises du CPN (Comité de pilotage national)», a indiqué Blaise Nzwanga, président de la FOPAKKM.
Il sied de signaler que le SIMA véhiculait des informations deux fois par semaine grâce à la digitalisation via des sms en utilisant ‘’Telerivet’’, une des applications. Les mêmes informations sont diffusées régulièrement sur les antennes des radios communautaires retenues et via ‘’FOPAKKM ECHOS’’, un bulletin mensuel de la FOPAKKM.
Depuis plusieurs années les producteurs agricoles familiales évoluaient dans un contexte de sous information. Cela était une des causes du faible revenu des ménages agricoles.
C’est ainsi que le PASPOR (Programme d’appui à la structuration, au plaidoyer et à la professionnalisation des producteurs agricoles familiaux organisés en République démocratique du Congo) à travers son lead thématique (Critas internationale Belgique) a voulu rendre opérationnel SIMA au sein de la CONAPAC et de ses fédérations provinciales.
«Nous nous engageons à pérenniser ce système, car, l’information est la clef du développement», a soutenu Jean Malundu, un des commerçants présent à ces assises d’évaluation.
Badylon Kawanda Bakiman