Ces leaders paysans et ingénieurs agronomes sont nombreux à travers à travers le pays et cette province située dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo (RDC) où plus de 70 pour cent de la population vivent de l’agriculture. En montant aux créneaux, ils estiment que la création urgente de ce ‘’Fonds spécial agricole’’ (FSA) doit marcher avec une gestion rigoureuse et transparente.
Viviane Lengelo est parmi les femmes leaders paysannes et responsable du Regroupement des femmes en action pour le développement intégrale (REFADI), une des organisations non gouvernementales de développement basée à Kikwit mais dont les activités agricoles se déroulent à Kimbinga, à plus de 30 kilomètre de cette ville.
Elle regrette le fait que ‘’l’Etat d’urgence sanitaire’’ décrété par le gouvernement congolais pour lutter contre coronavirus ait provoqué une baisse sensible de la production agricole.
«La mise sur pied de cet Etat d’urgence a d’abord provoqué une grande panique et une psychose indescriptible auprès des paysans qui habitent les milieux ruraux. Ils ne veulent plus recevoir des citadins qui y vont pour travailler dans des champs les accusant de leur amener la pandémie», déclare-t-elle.
Elle ajoute qu’en quatre mois d’Etat d’urgence sanitaire, la production a baissé à 60 pour cent dans le rayon de Kimbinga où elle travaille.
«C’est pourquoi il est plus qu’urgent de créer ce FSA. Ce Fonds peut être créé soit par le gouvernement congolais, soit par les paysans regroupés dans une grande structure comme CONAPAC (Confédération nationale des producteurs agricoles du Congo), soit encore par une structure mixe regroupant les représentants du gouvernement et ceux des paysans», note-t-elle.
De son côté, Hervé Nakatala, ingénieur agronome à la Faitière des organisations paysannes du Kwilu, Kwango, Maï-Ndombe (FOPAKKM), une plate-forme de plus de 200 structures paysannes est d’abord anxieux face aux méfaits de coronavirus sur l’agriculture.
«Cette pandémie a engendré la rupture des chaîne des valeurs. Les routes principales étant quasiment fermées à l’instar des écoles et des lieux de cultes ; Kinshasa la capitale étant mis en quarantaine par rapport aux provinces, les paysans ne savent plus amener le peu de produits dans des centres de consommation pourtant c’est leur droit. Cela provoque aussi une pauvreté à outrance de ces paysans qui sont déjà pauvres. Covid-19 a aussi créé un chômage inattendu et d’autres conséquences qui se feront sentir à moyen et long terme», affirme-t-il.
Selon lui, une fois créé, le FSA va constituer une ‘’bouffée d’oxygène’’ pour les paysans et va contribuer au développement et à l’émergence de l’économie nationale.
Une gestion rigoureuse et transparente du FSA
«Etant donné que la plupart de nos dirigeants ont été caractérisés par une mauvaise gestion des deniers publics ou privés, il est impérieux que de mettre en place un système de gestion qui soit rigoureuse et transparente», suggère Clotilde Kangamukaba, responsable de l’ANPC (Académie nationale paysanne congolaise) dans la province du Kwilu.
Elle déclare qu’actuellement avec des logiciels informatiques de gestion qui sont opérationnelles, la gestion de ce fond ne posera aucun problème.
«Il faut également un ‘’Comité de gestion’’ assidu teinté d’une logique rigoureuse. Ce comité dont les tâches seront clairement définies devra, le moment venu, déterminer les critères de sélection avant d’accéder à ce fonds», suggère Jean Mbwengele, président de la Coopérative pour la vente et l’expédition des frets (COOVEF), une plate-forme de plus de 30 structures paysannes basée à Idiofa à 130 km de Kikwit.
Mbwengele ajoute que plus de 50 pour cent de structures membres de la COOVEF ont enregistré 30 pour cent de baisse de produits agricoles en quatre mois de l’Etat d’urgence car il n’y avait plus accès aux intrants et le timing des travaux de champs était réduit.
«Actuellement, environ 820 millions de personnes sont en situation de faim chronique dans le monde, ce qui signifie qu’elles n’ont pas suffisamment d’apport calorique pour mener une vie normale. Parmi elles, 113 millions de personnes font face à une insécurité alimentaire grave aiguë, une situation de famine tellement grave que leur vie et leurs moyens de subsistance sont directement menacés et que leur survie dépend d’une aide extérieure», indique la FAO sur son site.
La même source indique cette pandémie menace à la fois les vies et les moyens de subsistance des populations.
Badylon Kawanda Bakiman