RD Congo : Reboiser pour relancer la verdure et lutter contre les changements climatiques

Par Badylon Kawanda Bakiman

Afin de restaurer la verdure et lutter contre les changements climatiques, plusieurs organisations non gouvernementales de développement (ONGD) en République démocratique du Congo (RDC) mènent des actions de reboisement. Une stratégie, avec des pratiques innovantes, qui permet d’atteindre les ‘’Objectifs de développement durable (ODD)’’ et ‘’l’Agenda 2063’’ même après la pandémie de Covid-19.  Recourant aussi au partenariat public-privé et à l’aspect ‘’Genre’’ dans des actions, ces efforts rejoignent les engagements réitérés par les Nations africaines lors du ‘’Huitième Forum régional pour le développement durable’’ de mars 2022. 

Le site Mangondi, une ferme située à huit kilomères de Kikwit, ville économico-politique de la province du Kwilu dans le sud-ouest de la RDC, est imbu d’une forêt artificielle. Le paysage a changé parce qu’avant 2018 ce site de six hectares était ravagé par une grande savane et la chaleur dû aux changements climatique régnait.

La verdure est restaurée par des arbres du type ‘’acacia mangium’’, une sorte de plante qui pousse rapidement selon les environnementalistes.

     Forêt artificielle

Le même site contient également des arbres fruitiers comme des avocatiers, des orangers etc. Un peu plus loin, des sagoutiers et des cannes à sucre poussent aussi.

L’AIPD (Appui aux initiatives paysannes pour le développement), une ONGD qui accompagne des paysans de 24 villages, six fermiers et cinq structures paysannes dans la province du Kwilu a mené cette action avec l’appui financier d’abord de ‘’Pain pour le monde’’, une organisation d’aide des églises protestantes régionales et des églises évangéliques libres d’Allemagne ;  ensuite avec l’appui de  ‘’l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica)’’  qui intervient aussi dans le monde de développent durable, enfin grâce aussi efforts propres à l’institution.

«Depuis 2018, AIPD a  reboisé 60 hectares répartis dans plus de 20 sites : Lubungu, Yoko, Mangondi, ferme Zolana, ferme Mboma, Banda-Papy etc. dans la province du Kwilu. Nous avions constaté qu’il y avait une très grande déforestation provoquée par des travaux champêtres et des coupes des bois. Cela avait provoqué l’émergence des savanes. Il fallait donc vite agir», déclare l’Ir Jean-Marie Kibala, chargé des programmes de l’AIPD.

Il ajoute que ces actions se font en partenariat avec le gouvernement congolais via le ministère de l’Environnement et du Développement durable. Il s’agit du partenariat public-privé prôné par ‘’l’Objectif 17 des ODD’’.

 Aspect ”Genre” (Homme – Femme)

De son côté, le ‘’Mouvement ouvrier chrétien du Congo (MOCC), une plateforme de plus de 200 structures dans plusieurs domaines (environnement, agriculture, la santé, l’emploi, le genre, syndicalisme…) s’est aussi fortement impliqué dans le reboisement pour restaurer la verdure.

Son site de Kabudi de 12 hectares par exemple, à 60 km de Kikwit,  est parsemé par  des fourragères, des acacias, des papayers, des orangers, des palmiers à huile, des bananiers, des ‘’titonia’’  ainsi que plusieurs autres arbres fruitiers.

A part Kabudi, il y a plusieurs autres sites : Kikongo, Kibangu, Kikoti, Versant de la rivière Lwini etc.

 Un Site du MOCC

«En cinq, ans notre organisation a semé plus de 5000 arbres (fruitiers ou pas). Nous recourons  à une technique innovante que nous appelons ‘’démarche gogo’’ qui consiste à façonner d’abord des ‘’bouquets où mélangeons des plantules fertilisantes avec des plantes  ordinaires’’. Puis, ces plantules sont mises à terre en respectant la distanciation. Et ces plantes poussent vite», explique Claude Kitoko, un des responsables du MOCC dans le grand Bandundu.

Selon lui, s’il n’y avait pas cette pandémie de Covid-19,  cette structure sèmerait plus 8000 arbres. «Nous avions prévu  mettre à terre 10.500 plantes. Après Covid-19, les efforts continueront. Nous avons un partenariat avec l’Etat via le ‘’Service national des fertilisants des produits connexes’’. L’aspect ‘’Genre’’ est toujours pris en compte », rassure-t-il.

Démarche Gogo

Dans la province du Kongo central à l’ouest du pays, 10 hectares ont été reboisés avec plusieurs espèces d’arbres  dans le territoire de Kasangulu par des structures de la société civile grâce à l’appui financier et technique du ‘’Fonds forestier national’’ et le ministère de l’Environnement.

Les mêmes actions ont été menées dans l’espace ‘’Grand Kasaï’’ au centre du pays et dans la province du Haut Katanga dans le sud-est de la RDC.

Les responsables du ‘’Fonds forestier national’’ affirment qu’ils vont continuer à financer les structures de la société civile pour faire des reboisements sur toute l’étendue de la RDC.

Le gouvernement congolais ne croise pas les bras. Il a, outre le ‘’Fonds forestier national’’,  mis en place un projet qui consister à planter un milliard d’arbres jusqu’à l’horizon 2023.

C’est pourquoi en juin 2021, La Vice-Première Ministre, ministre de l’Environnement et du Développement durable, Eve Bazaiba Masudi, avait procédé, dans la commune rurale de Maluku, précisément sur le plateau de Bateke à Kinshasa, à la relance des activités de ce projet d’implantation d’un milliard d’arbres à l’horizon 2023 prôné par le Chef de l’État. Le projet continue toujours.

   Ministre de l’Environnement et du Développement durable Eve Bazaiba

Dans la province de Lomami, au centre du pays, le projet PANA-AFE, avait, en 2019, réalisé des renforcements de la résilience et de la capacité d’adaptation des femmes et des enfants au changement climatique ainsi que quelques autres villages situés en dehors des sites d’intervention du projet en  l’installant des champs de stylosanthes qui est une  plante fourragère pour l’adaptation de l’alimentation des bétails en milieu rural.

Déjà en 2011, dans la province de l’Equateur dans le nord-ouest de la RDC, précisément à la périphérie dégradée du lac Tumba à Bikoro,  Le paysage a changé, la verdure s’est installée grâce l’action conjuguée de la population locale, de l’ONG Groupe d’Action pour Sauveur l’Homme et son Environnement (GASHE) ainsi que du PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement)  par le biais du Programme de petites subvention sur financement du Fonds Mondial pour l’Environnement. 44 hectares reboisés et 3450 arbres plantés.

Il s’agit des projets liés à la biodiversité et la lutte contre les effets du réchauffement climatique, la pollution des eaux, la régression et la dégradation des sols et la réduction de la couche d’ozone.

    Palmiers à huile

Les efforts continuent à se réaliser dans le contexte d’une relance verte à la sortie de la crise internationale de Covid-19, cette pandémie qui a asphyxié plusieurs secteurs de la vie.

Respect des engagements des ‘’Nations africaines’’  du huitième forum ARFSD

Toutes les actions liées à la restauration de la verdure en RDC respectent les engagements que les nations africaines ont réitérés à Kigali, capitale du Rwanda, pour accélérer la réalisation des ODD et de l’Agenda 2063. C’était lors du ‘’Huitième Forum régional pour le développement durable (ARFSD)’’ qui a eu lieu du 03 au 05 mars 2022.

Organisé par la ‘’Commission économique pour l’Afrique (CEA)’’ en collaboration avec le gouvernement rwandais, l’ARFSD s’est achevé par l’adoption d’un document dit ‘’Déclaration de Kigali’’.

Concernant exactement la restauration de la verdure, le point 1 de la déclaration stipule : «Réitérons notre engagement à accélérer la réalisation des objectifs de développement durable, notamment en assurant une reprise verte et inclusive après la pandémie de COVID-19 sur le continent, conformément aux objectifs de la Décennie d’action pour la réalisation des objectifs de développement durable».

Quant à l’aspect ‘’Genre’’, le point 7 de la déclaration est clair : «Appelons les pays africains à renforcer les dispositions institutionnelles, y compris les stratégies nationales tenant compte du genre, afin d’améliorer l’appropriation nationale et le respect du principe de responsabilité concernant la mise en œuvre effective et le suivi des objectifs et cibles liés au genre du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 dans tous les secteurs et à tous les niveaux de gouvernement.

Pour ce qui est du ‘’partenariat’’, il s’agit du point 5 : «Engageons les pays africains à tirer parti de nouveaux outils, de solutions innovantes et de la technologie, y compris le renforcement des partenariats avec le secteur privé, les universités, les organisations non gouvernementales, les organisations de la société civile et d’autres entités afin de bâtir des systèmes statistiques nationaux solides, flexibles, durables et résilients».

Plusieurs techniciens de développement et des activistes des droits humains contactés à ce sujet, saluent les quelques avancés enregistrés en matière de la restauration des forêts en RDC malgré la pandémie de Covid-19. Mais beaucoup restent encore à faire.

 

 

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